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Les droits des passagers et la billetique... encore du chemin à faire

Bijgewerkt op: 22 jul. 2021

Il y a peu nous avons reçu une très bonne nouvelle de l’UE: les passagers (de train) allaient bénéficier de plus de droits! Les "droits des passagers" sont assez récents. Un voyageur de 1995 aurait trouvé cela loufoque et inutile... Ils ont été lancé au cours de la libéralisation du traffic ferroviaire, après la publication du "livre blanc" de la Commission Européenne en 1996. De quoi s'agit-il ? La Commission Européenne évoque quatre améliorations:

- obligation pour assister le voyageur s'il a subi des retards ou une suppression de train

- obligation pour aider les handicapés

- davantage de places pour les vélos

- un seul contrat de voyage pour des voyages dans plusieurs trains chez le même opérateur




Les réactions de chaque organisation défendant les voyageurs en Europe étaient unanimes, il y avait trop peu de droits pour les voyageurs! À juste titre selon nous, car ces améliorations font partie des droits que notre voyageur de 1995 trouvait de facto acquis.


En entreprenant un long voyage à travers l'Europe ou même le Maghreb ou le Proche Orient notre voyageur devait se servir des services offerts par diverses compagnies ferroviaires: la SNCB en Belgique, la DB en Allemagne etc... Ces sociétés se considéraient comme voisins et non pas comme concurrents et ils coopéraient à tous les niveaux. Dans chaque gare, le voyageur pouvait s'acheter un ticket pour n'importe quelle autre gare en Europe, tout était écrit ou imprimé sur le même billet et, s'il n'avait pas payé une réservation pour un ou des trains spécifiques, ce billet était valable plusieurs mois. Un billet Alost – Modena via Luxembourg était aussi valable sur les trains de jours que sur les trains de nuit, on pouvait choisir de changer de train à Namur comme à Bruxelles, à Milan ou prendre le train direct. S'il avait opté pour une réservation, par exemple un lit dans un train d'un jour précis, et qu'il ratait sa correspondance à cause d'un retard, il était libre de prendre le train suivant, même s'il avait perdu son lit garanti. Dommage pour le lit, mais les chemins de fer mettaient tout en oeuvre pour vous emmener le plus vite à votre destination. Si d’aventure, le train suivant n'avait plus de lit libre, une couchette lui aurait été proposé sans payer de différence car le voyageur n’y pouvait rien...



Le voyageur dans l'Europe ferroviaire libéralisée de 2020 a plusieurs choix pour faire son voyage d'Alost à Modena, l'un encore plus inattractif que l'autre: avec le Thalys à Paris, puis changer de gare en RER en pleine heure de pointe, puis le trains de nuit privé Thello jusque Modena. Sinon via Cologne et Bâle en empruntant une des artères les plus saturées et retardées d'Allemagne, avec plusieurs correspondances et en perdant toute une journée dans les trains ou bien en empruntant le train de nuit pour Innsbruck et continuer par Vérône. Dans chacun des cas, il empruntera au moins 3 opérateurs différents avec chacun leur propre billetique. Avec ses nouveaux "droits", le voyageur récupéra bien son billet Thalys si Thalys supprime son train mais il perdra tout de même ses billets Thello et son voyage, rien de moins. Car Thello n'a plus de lien avec Thalys, ni Trenitalia avec ÖBB et la DB, les CFF n'ont encore rien à voir l'un avec l'autre. Débrouillez-vous dans le labyrinthe des billetiques différentes et des correspondances non-pénalisantes!


Et tout ceci, seulement si le voyageur a réussi à trouver son itinéraire sur les différents sites d’achats de billets en ligne, qui donnent souvent une information complètement fausse. Les sites que nous recommandons sont hafas et celui de la DB. Ce sont les “moins pires” car tous les trains ne sont pas repris dedans. Par exemple, la DB a arreté de vendre les trains de nuit de son concurrent autrichien, ÖBB. Parfois ils ne tiennent pas compte de détournements ou de travaux d'infrastructure. La SNCB a son e-shop qui contient pas mal de compagnies ferroviaires dont de nombreux pays scandinaves, mais elle bloque certains pays parce qu'elle trouve que les billets vendus ne rapportent pas assez comparés au temps que le voyageur occupe un guichet. Les guichetiers ont souvent des difficultés à suivre les changements de tous les pays au niveau billetique, certaines sociétés changent chaque mois... essayez de suivre les actualités d’une trentaine de pays et davantage d'opérateurs... Le train de nuit pour Lisbonne en est un bon exemple: il est repris sur le site de vente de la SNCB mais la vente de ce train est bloqué en Belgique. Le Grand-Duché qui utilise la même plateforme que la SNCB arrive bien à faire des billets sur ce train. Pour les belges, la seule solution c'est de voyager jusque Hendaye d'où part le train de nuit pour Lisbonne et espérer qu'il reste encore un lit libre dans ce train. En haute saison vous avez perdu d'avance. Il ne vous restera d'autre choix que de passer quelques nuits au Pays Basque avant de continuer votre chemin en train de nuit.


Une des solutions pour voyager bon marché sur de longues distances était, jusqu’il y a peu, l'Interrail: un billet unique valable dans toute l'Europe pendant une période déterminée. Sur des trains participants du moins, qui sont de moins en moins nombreux, et toujours plus d'opérateurs demandent un supplément aux voyageurs Interrail sous forme de "réservation". Souvent ces réservations obligatoires ne sont pas en vente sur internet, comme c'est le cas pour notre train pour Lisbonne. Si on veut voyager avec une carte Interrail, il faut à nouveau descendre à Hendaye et espérer qu'il vous restera un lit de libre. Ou bien acheter un billet plein tarif sur internet mais dans ce cas votre Interrail n'aura servi à rien. Là où on pouvait acheter l'Interrail le jour de départ au guichet, il est dorénavant obligatoire qu'on le commande une semaine à l'avance sur internet. Voyager dernière minute, un des derniers atouts que détenait encore le chemin de fer est devenu plus difficile et très cher.


Photo by Ugo ° on Unsplash

Malgré les belles promesses des "droits des passagers" et de marché libre, le voyageur qui fait de longs voyages en trains est devenu une espèce en voie d'extinction. Presque plus personne ne s'y risque à part un romantique ou des étudiants avides d’aventures. Pour la plupart des gens le train n'est plus dans la liste de moyens de transport possible qu'on considère pour partir en vacances ou en voyage d'affaires. L'Union Européenne et notamment la Commission Européenne persiste pourtant dans la théorie que la libéralisation, qui est un fait depuis bientôt 15 ans, sera une bonne chose pour le voyageur, ...à terme...


Chez Back on Track Belgium nous ne sommes pas opposés à la libéralisation en soi mais nous exigeons que la situation actuelle s’améliore. La période avant-libéralisation était loin d’être parfaite mais voyager à travers toute l'Europe était beaucoup plus facile.Ce que nous voulons chez Back on Track Belgium c'est pouvoir planifier et commander notre voyage à travers toute l'Europe à un seul endroit et qu'en cas de retard ou suppression d'un train qu'on puisse automatiquement prendre le prochain, peu importe quel opérateur l'exploite, sans questions ni formulaires. Ceci est le moins que l’on puisse demander! Nous voulons que le train soit le moyen de transport le plus évident, même pour des voyages de 1500km et plus. Le train de nuit est devenu une niche mais ce n'est pas inévitable et il ne doit pas le rester. Des pays comme la Chine ou la plupart des anciens pays soviétiques font rouler des trains de nuit sur de très longues distances, bien plus longues qu’en Europe même: avec des trains de nuits roulant à 250km/h, une distance de 2000km en une nuit est possible. 2000km c’est Bruxelles-Bucarest! Pourquoi ce ne serait pas possible en Europe ? Les droits des passagers sont beaucoup trop restreints et une totale régression par rapport à ce que nous avions il y a 25 ans et ceux que les passagers de l’aviation disposent! Nous exigeons mieux que ça, beaucoup mieux !


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